Bizeneuille
Population
: 294 habitants en 2000. Superficie : 2975 hectares. Origine
du nom : Buginolio (1097), Bugenolio (XIIème siècle),
Bigenolhe (XIIIème siècle). Nom des habitants
: inconnu.
Plusieurs objets préhistoriques ont été
trouvés, en particulier un poignard en silex blond de
15 cm de long au Saint-Georges, ainsi qu'un percuteur et un
fragment de hache à la Pérelle. Pérot signale,
en 1905, un menhir au lieu-dit Pierre-Bure, mais ce monument
semble avoir disparu. Par contre, près de l'Eau, parmi
les entassements
rocheux qui s'étendent au long du ruisseau,
on peut reconnaître un amas artificiel de blocs énormes,
appelé la Table du Loup, et qui pourrait être un
de ces aménagements organisés par l'homme préhistorique
pour abriter des sépultures.
La voie antique de Limoges à Autun passait par Bizeneuille
et la Croix de Fragne, servant de limite sur une lieue gauloise
aux paroisses de Saint-Angel et de Verneix. L'église
de Bizeneuille, du XIIème siècle,
sous le patronage de Saint-Martin, est remarquable par son portail
polylobé ; plusieurs lieux-dits Martin au long du trajet,
ainsi que des parcelles du Grand Chemin, confirment le tracé
de l'ancienne route des Pèlerins.
L'implantation antique a été très importante
sur ce terroir. Nous avons détecté de nombreux
habitats, en particulier aux Mazerolles, près d'un autre
vieux chemin, dans les parcelles de la Chaussée, des
Mazières, à la Villatte, aux Rossinets, au Champ
Mallet, aux Champs de l'Abeille, aux Amarons, au Petit Bord,
vers la Villaine… Les
débris foisonnent dans les terrains, et
à la Villaine par exemple, ont été trouvés
plusieurs meules, un coffre cinéraire, des dalles en
calcaire blanc du Berry, restes de sarcophages… L'ensemble de
ces vestiges permet de penser que tout le plateau, autour de
Bizeneuille, était intensément occupé à
l'époque antique.
Un sondage effectué, en 1970, par M. Desnoyers, près
de l'église, a mis à jour plusieurs sarcophages
d'époque mérovingienne ; fréquemment,
autour du cimetière, des sépultures plus tardives,
accompagnées "d'écuelles des morts",
sont dégagées au cours de travaux, ainsi que des
coffrages en forme de trapèze taillées dans le
tuf.
Au point culminant, à l'est de l'église, s'est
dressé un château
sur motte : "…Et aussi, ses droits sur une
certaine masure appelée la Touratte…"Au milieu d'une
motte entourée de fossés, un jardin, deux ouches,
ce château sur motte, dit aussi Château-Gaillard,
fut vendu comme bien national.
Bizeneuille est attesté par les formes Buginolio (1097),
Bugenolio (XIIème siècle), Bigenolhe "(XIIIème
siècle). Le suffixe euille est d'origine gauloise et
désigne la clairière ; la première partie
du mot paraît avoir en Bourbonnais une valeur hydronomique.
Et la tradition veut, sans preuves archéologiques, qu'un
ancien établissement de bains y ait existé … Elle
peut être fondée sur la forme Bignalolia, et après
tout, ne serait-il pas permis de penser que sur cette grande
voie de pèlerinage, n'ait pas existé un tel établissement
? Le toponyme voisin Bagnard -
lieu où l'on se baigne, hommes ou animaux - pourrait
aussi le confirmer. Le ruisseau de Bizeneuille, aujourd'hui
ruisseau de la Mauvaisinière, a souvent changé
de nom. Pour Nicolay, il était Marmusse-sur-Borde ; pour
Cassini, ruisseau de Fragne ; il fut aussi le Ris de la Dame
… Il a creusé un profond ravin rocheux, au fond duquel
se tapit le château
de la Mauvaisinière …
Le territoire de Bizeneuille est riche en habitats médiévaux.
La motte de Richemont,
parfaitement conservée, mesure une cinquantaine de mètres
de diamètre et 4 à 5 mètres de hauteur
; elle est entourée d'un large rebord et de fossés
en partie comblés. On peut reconnaître aux différences
de végétation l'emplacement de son ancien château,
où vécurent Templiers, puis hospitaliers et religieux
de l'ordre de Malte, possesseurs de cet établissement
et de domaines alentour … La toponymie a conservé les
noms des champs de l'Abeille (abbaye) et des grandes et petites
Chapelles.
Nicolay cite les "sieurs de la Touratte, de la Mauvaisinière
et de Richemont" qui dépendaient de la châtellenie
de Hérisson, tandis que la maison noble de Granchamp
dépendait de Murat. La carte de Cassini montre en plus
les fiefs de Bagnard
et de Mollais.
Bagnard et Grandchamp, deux châteaux voisins, étaient
entourés de fossés. A Mollais, anciennement le
Mottet, un champ de la Tour est l'indicatif d'un ancien lieu
fortifié. Arginy
a également eu son château dont il reste le canal
et des champs de la Motte. La photographie aérienne nous
a permis de retrouver la motte de Bornais, près du champ
du Châtelet. Il faut identifier Bornais
avec ce manoir de Bournat, de la châtellenie de Hérisson,
dont "le duc Louis III, le 6 février 1359, consent
la vente faite par Jean, sire de Repenti, à Goussaut
de Thierry" (cité par A. Leguai).
Habitats antiques et médiévaux sont ainsi abondants
sur le territoire de Bizeneuille, territoire sur lequel ont
également été repérés plusieurs
villages ou moulins disparus.
Histoire
des Communes de l'Allier, Maurice PIBOULE
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